RELIGION ANCIENNE ET EXIGENCES MORALES DES BASAA, BATI ET MPÔÔ DU CAMEROUN Écrit par Mathias Victorien Ntep Lundi, 06 Décembre 2010 00:00 La religion est la reconnaissance pieuse par un individu ou un groupe d´un être transcendant ; c´est la croyance absolue en une personnalité préternaturelle ou surnaturelle, une divinité, de qui dépend la destinée de l´individu ou du groupe. Ce système de croyances conduit l´individu ou le groupe à souscrire à certains dogmes, c´est-à-dire à des vérités incontestables, à pratiquer certains rites pour exprimer son /leur adoration de la divinité, le but étant d´accéder au Salut de l´âme, à la félicité dans l´au-delà, juste après la mort ; à la vie éternelle, en choisissant le bien, en se comportant moralement et en accord avec la volonté de Dieu ou de la divinité. La religion n´est qu´une des composantes de la culture. Par Mathias Victorien Nte p Quant à la culture, elle est le mode de vie d´un groupe, élaboré dans le passé, ajusté ou rénovée de temps en temps si besoin est, transmis de génération en génération, et s´articulant autour de la langue ou des langues du groupe, de sa religion, de ses exigences morales – normes et valeurs --, de son système sociopolitique, de l´habillement, de l´habitat, de l´alimentation et des arts. Il est un fait que toutes les communautés ou tous les peuples sur terre ont une culture, et une religion. Contrairement à ce que beaucoup de gens pensent, les peuples occidentaux et nordiques ne sont pas essentiellement et foncièrement chrétiens ; ces peuples furent plutôt christianisés. C´est la raison pour laquelle le philosophe François Jullien parle d´'Occident christianisé', et non d´'Occident chrétien'. Le philosophe Georges Leroux commet donc au moins une peccadille, voire une erreur, lorsqu´il parle d´'Occident chrétien', dans une de ses publications. Les Grecs, les Romains et les tribus germaniques, par exemple, étaient polythéistes au départ. Le 'wotanisme' était une religion que certaines tribus germaniques pratiquaient ; la divinité adorée était alors Wotan. Nicholas Goodrick-Clarke écrit à cet égard : « List considérait d´ailleurs les Islandais du Moyen Age comme des wotanistes ayant fui les persécutions qui avaient accompagné la christianisation de la Germanie et l´Edda comme un recueil des mythes et des croyances des anciens Germains. Dans ce recueil, Wotan est vénéré comme dieu de la guerre et seigneur du Walhalla, le palais où il reçoit les héros morts au combat. Les poèmes le présentent aussi comme magicien et nécromancien. Le 'Hávamál' et la 'Völuspá' décrivent les tortures qu´il s´est infligées pour acquérir, par des moyens magiques, la connaissance des mystères de la nature. » ( Goodrick-Clarke 1989 : 69) Nous pouvons aussi citer l´exemple de l´évêque Talleyrand -- le véritable père et maître à penser de la diplomatie française -- comme preuve du fait que, malgré certains efforts déployés pour assimiler le christianisme, les préceptes moraux de cette religion sont rarement appliqués et vécus par ceux-là mêmes qui prétendent la défendre. L´histoire enseigne que l´évêque Talleyrand était un débauché à l´impudicité ( l´inconduite) peu commune, et un homme retors et sournois qui affectionnait particulièrement les ruses de Sioux. C´est pourquoi l´on le surnomme souvent le 'diable boiteux' ; Talleyrand avait un pied bot. Un chercheur rapporte par ailleurs que les initiateurs des messes noires étaient des prêtres, membres de la confession religieuse de Talleyrand, au siècle de Louis XIV. Selon le même chercheur, même le mari de Jeanne d´Arc, la 'Pucelle d´Orléans', se livrait à ces pratiques. Les 'U-Um' veulent apprivoiser le monde visible et les univers invisibles et préternaturels Les Basaa, Bati et Mpôô du Cameroun ne dérogent pas au principe ou à la règle selon lequel/laquelle toute communauté a une religion. Nous avons appris que la religion des BBM – Basaa, Bati et Mpôô – du Cameroun est le culte 'Um'. Eugène Wonyu indique, dans son opuscule ou livret sur les Basaa du Cameroun, de l´Égypte des Pharaons à nos jours (version en langue française), que c´est en Nubie, au pays de Couch, que les Basaa commencèrent à pratiquer le culte de la divinité 'Um'. C´est aussi en Nubie (Méroé) qu´il localise le foyer originel des Basaa du Cameroun ; c´est d´ailleurs la thèse que soutient aussi l´universitaire et chercheur Emmanuel Konde, dans son livre sur l´histoire des Basaa de Limbé (Victoria), le peuplement de Limbé (Victoria) et les migrations sur la côte atlantique du Cameroun. Les prêtres 'Um', encore appelés 'U-Um', se consacrent essentiellement à l´exploration du monde physique et des univers invisibles et préternaturels dans le but de découvrir leurs secrets, de connaître leurs mystères. Les 'U-Um' veulent apprivoiser le monde visible et les univers invisibles et préternaturels. Accordent-ils aussi assez de place à la sanctification et au salut de l´âme de l´individu ? Ces prêtres aspirent à être enracinés dans la divinité 'Um' et dans le peuple BBM. Ils disent qu´ils seraient des intermédiaires positionnés entre 'Um' et le peuple BBM ; est-ce pour exhorter le peuple BBM à pratiquer l´amour du prochain, la sagesse, l´honnêteté et l´humilité, bien évidemment en incarnant ces vertus ? Pour revenir sur l´origine des Basaa : mais pourquoi affirme-t-on souvent que les Basaa sont originaires de l´Égypte pharaonique noire ? Parce que, comme le précise d´ailleurs l´égyptologue Nicolas Grimal, la Nubie (encore appelé l´Éthiopie ancienne ou le pays de Couch), faisait partie de l´Empire des Pharaons, de l´Égypte pharaonique noire. Mais pourquoi certains chercheurs avancent-ils que les Basaa sont une des tribus juives perdues? En effet, dans son opuscule mentionné ci-dessus, Eugène Wonyu cite les noms des chercheurs basaa qui défendent cette thèse. Il ne semble pas prendre position lui-même ; il s´évertue tout simplement à mettre en exergue les ressemblances troublantes entre la culture et les croyances des Basaa du Cameroun et celles des Juifs. Le 'Mbombog' Mpaye Gwet, patriarche et prêtre 'Um', rapporta que son père, qui mourut dans les années 1930, lui avait enseigné que les Basaa et les Juifs de Moïse avaient puisé dans la même source. Mpaye Gwet affirme aussi que la culture de nos aïeux fit sensation et fut admirée et rayonnante dans l´Antiquité à travers le monde entier. Dès lors, nous comprenons tout de suite qu´il s´agit de la culture de l´Égypte pharaonique noire. Doit-on rappeler que le Juif Moïse naquit et grandit en Égypte pharaonique noire et qu´il fut instruit dans toute la sagesse de ce pays ? Nous n´oublions pas que le Seigneur Jésus-Christ séjourna en Égypte antique noire avec ses parents, quand il était enfant. L´historiographie judéo-chrétienne ne souligne-t-elle pas noir sur blanc que l´Égypte pharaonique noire était le pays de Cham (en basaa du Cameroun 'Kam') et de Mitsraïm ( en basaa du Cameroun 'Mis', c´est-à-dire 'les yeux') ? Les Arabes soutiennent que l´Égypte est le pays de 'Misr'. Selon l´historien Joseph Ki-Zerbo, Pouth, un des quatre fils de Cham ( Kam), s´était installé sur le territoire jouxtant la mer Rouge. Or, nous retrouvons aussi le patronyme 'Pouth' chez les Basaa du Cameroun. Il serait peut-être superflu de souligner ici que le génie universel Imhotep – aujourd´hui 'Ntep' chez les Basaa du Cameroun – est aussi un de nos illustres aïeux qui vécut en Égypte pharaonique noire. En vérité, nous estimons qu´il n´est pas très aisé d´étayer, à l´aide d´arguments massue, l´hypothèse selon laquelle les Basaa seraient une des tribus juives perdues. En revanche, ce qui peut facilement être prouvé, c´est qu´il y eut une cohabitation et des interactions entre les aïeux des Basaa des nomes tribaux et claniques de Men Nefer (Memphis) et d´ Ôn (Héliopolis) et le peuple juif installé dans la région de Gochèn, dans le delta du Nil. Le patriarche basaa ( 'mbombog'), chercheur et scientifique Mbog Bassong est aussi partisan de la thèse de la cohabitation entre les aïeux basaa et les Juifs en Égypte pharaonique noire. S´il y a donc eu cohabitation entre ancêtres des Basaa et Juifs, c´est qu´elle a eu lieu dans le delta du Nil. Ce qui veut aussi dire que ce sont ces ancêtres des Basaa qui vinrent plus tard en Nubie, accompagnés de certains de leurs amis juifs, former la peuple basaa, tout comme certains anciens Égyptiens prirent la direction de la Terre promise en suivant leurs ami(e)s juifs. L´historiographie judéo-chrétienne atteste d´ailleurs que certains anciens Égyptiens partirent avec les Juifs, quand ces derniers quittaient l´Égypte sous la direction de Dieu et de Moïse ; ce qui signifie et implique que le peuple juif comprend aussi des éléments de l´Égypte antique noire, selon toute vraisemblance des éléments basaa. D´ailleurs, le père de la demi-tribu juive de Manassé s´appelle Joseph, fils de Jacob Israël. Manassé était le fils de Joseph. Manassé avait pour mère la fille d´un prêtre du dieu-soleil Râ d´ Ôn ( Héliopolis), ville située à l´époque sur le Nil, vers le delta du Nil. Or, les Basaa du Cameroun ont conservé le mot 'Ôn' ( basaa ancien ; 'On' en bassa moderne précoce et 'Òn' en basaa moderne flamboyant ou rayonnant), qui signifie 'île' et 'presqu´île'. De plus, les Basaa du Cameroun ont le mot 'Job', qui signifie 'dieu' et 'soleil'. 'Ptah' (Verbe créateur ou Parole créatrice) et 'pot' (verbe basaa qui veut dire 'parler') partagent exactement la même racine linguistique, qui est [pt] Bien sûr, les Basaa emploient d´autres mots et/ou noms pour désigner 'Dieu' et 'soleil' ; il y a 'Nyambe' ( 'Dieu') et 'H(y)angaa' ( 'soleil'). Manassé avait donc pour père un Juif et pour mère une ancienne Égyptienne noire. 'Manassé' veut dire 'celui qui apporte la joie, le réconfort, le soulagement, après une période de peine, de souffrance, de douleur…'. Il se trouve que le basaa contemporain a aussi le mot et nom propre 'Massé', qui veut dire la 'joie', le 'plaisir qu´on éprouve après une période de difficulté, de peine, d´épreuves, de douleur, d´attente, de doute, d´angoisse'. Hérodote, l´historien et ethnologue grec de l´Antiquité, nous apprend dans les deuxième et troisième livres de ses Histoires que les anciens Égyptiens étaient noirs et qu´ils appelaient leur premier souverain (pharaon) 'Mis' ( 'les yeux' en basaa) ; c´était et c´est celui que les Grecs, les égyptologues et les 'égyptomanes' appellent 'Menes'. On constate que les langues étrangères à l´ancien égyptien ont tout simplement inséré 'ene' entre 'M' et 's' et qu´elles ont supprimé le 'i'. Apparemment, c´est pratiquement le même procédé que nous remarquons au niveau du nom 'Manassé' ; on se rend compte que les langues étrangères à l´ancien égyptien ont inséré 'na' entre 'Ma' et 'ssé', car si nous supprimons 'na' de 'Manassé', nous obtenons 'Massé', un nom typiquement basaa. Nous connaissons personnellement un 'Massé' dont le père est Basaa. Ceci nous conduit donc à affirmer que les prêtres de Râ ( 'Job' en basaa comtemporain) d´Ôn (Héliopolis) étaient aussi des ancêtres basaa du delta du Nil. La ville d´Ôn (Héliopolis) était située sur le Nil, légèrement au nord de Men Nefer ( Memphis). Nous savons que c´est à Men Nefer (Memphis) que la divinité Ptah était adorée. Les Basaa disent parfois aujourd´hui 'Tâh' ou 'Tâ' quand ils s´adressent à Dieu. 'Tâh' (ou 'Tâ') veut aussi dire 'père' en basaa du Cameroun. En outre, certains patriarches basaa portent parfois la coiffure ou la calotte de Ptah ; on l´ appelle 'hipata' ou 'hi-pata' en basaa. Ce mot est quelque peu bâti sur le modèle de 'hikôdô' ou 'hi-kôdô' – qui veut dire 'chapeau' en basaa -- , le pluriel étant 'dikôdô'. Dans 'hi-pata', nous avons 'hi', qui marque le singulier, et 'Pata', le nom proprement dit, en basaa contemporain, de la divinité 'Ptah'. Le 'hipata' est porté, en réalité, pour honorer la divinité Ptah ( Pata – Tâh), tout comme certains Juifs portent le 'yarmulke' pour honorer Dieu. En fait, c´est le 'hipata' que les Juifs appellent 'yarmulke'. Nous avons appris que la tradition du 'yarmulke' chez les Juifs ne serait vieille que de quatre (4) siècles. Le 'hipata' peut parfois prendre la forme d´une calotte serrée qui couvre tous les cheveux de la tête. C´est l´universitaire Emmanuel Konde qui attira notre attention sur le 'hipata' ou 'yarmulke' porté par le patriarche ( 'mbombog') Théodore Mayi-Matip ; c´est l´intellectuel et chercheur Nouk Bassomb qui nous expliqua que les Basaa appellent le 'yarmulke' 'hipata', et que 'hipata' se réfère à la divinité Ptah de l´Égypte pharaonique noire. La divinité 'Ptah' était considérée comme le 'Verbe créateur', la 'Parole créatrice', le Dieu qui créa tout ce qui existe, exactement comme cela est exposé dans les premiers versets de l´Évangile selon Jean, dans le Nouveau Testament, et au premier chapitre du livre de la 'Genèse', dans l´Ancien Testament. Selon l´historiographie judéo-chrétienne, la colère de Dieu s´enflammait contre l´idolâtrie à Men Nefer ( Memphis) parce que la divinité Ptah -- qui était alors considérée comme le Dieu créateur de toute chose -- était aussi représentée sous forme humaine (ce qui est interdit) et adorée. Dieu interdit de peindre des images ou de sculpter des statues représentant des êtres saints et de les adorer. En fait, ces images ou ces statues sont inanimées ; les adorer équivaut à commettre l´idolâtrie. Ce qu´on doit aussi reconnaître, c´est qu´il fut donné à nos ancêtres à Men Nefer ( Memphis) de savoir que l´homme est à l´image de Dieu. D´ailleurs, l´historiographie judéo-chrétienne nous apprend que Jésus-Christ est Dieu qui a pris la forme humaine. En outre, 'Genèse', le premier livre de l´Ancien Testament, enseigne que l´homme fut créé à l´image de Dieu. On comprend maintenant pourquoi le mbombog Mayi-Matip portait parfois la calotte de Ptah ( 'hi-pata' ou 'hipata' en basaa) et pourquoi il avait rédigé un livre intitulé L´Univers de la Parole. Ce livre fut préfacé par le Prince Dicka-Akwa nya Bonambéla. Dans cette préface, Dicka-Akwa note que les anciens Égyptiens appelaient le 'verbe moteur' 'hu', exactement comme les Basaa du Cameroun aujourd´hui. Il y a une différence entre le 'Verbe créateur ( 'Ptah' ) et le 'verbe moteur' ('hu') ; ce dernier peut être utilisé par une personne. Dans son livre, le mbombog Théodore Mayi-Matip suggère que le 'Mbog Basaa' est l´univers de la Parole. Nous savons que c´est Ptah ( 'Pata' en basaa d´aujourd´hui) qui est la divinité de cet univers ; nous savons que Théodore Mayi-Matip portait parfois la calotte de Ptah ( 'hipata' en basaa) ; cela veut-il dire que Ptah ou Pata serait adoré au sein du clergé 'Um' ? Comment peut-on expliquer le fait qu´un mbombog basaa porte la calotte de Ptah ( Pata) pour honorer Ptah ou Pata, qu´il écrive un livre sur l´univers de cette divinité et qu´il n´adore pas, au moins secrètement, cette divinité ? De plus, 'Ptah' (Verbe créateur ou Parole créatrice) et 'pot' (verbe basaa qui veut dire 'parler') partagent exactement la même racine linguistique, qui est [pt]. Le mbombog ( patriarche) et prêtre 'Um' Mpaye Gwet déclara que les Basaa utilisaient plusieurs noms pour désigner Dieu quand leurs ancêtres vivaient encore en Égypte pharaonique noire. Le prêtre expliqua que certains de ces noms ne sont utilisés aujourd´hui que par les membres du clergé 'Um'. Il confirme la thèse selon laquelle les Basaa sont originaires du Nord-Est de l´Afrique en général et du territoire proche de la mer Rouge (cette région est appelée 'Likôl' dans l´historiographie écrite et orale des Basaa du Cameroun) et de l´Égypte pharaonique noire en particulier. Aujourd´hui, les Basaa utilisent aussi le nom 'Batúpêk' (basaa moderne précoce), qui veut dire l´'Omniscient', pour désigner Dieu. Selon le prêtre Mpaye Gwet, le peuple basaa vivait sous un autre paradigme religieux en Égypte ancienne ; ce paradigme était différent de celui que les Basaa connaissent aujourd´hui avec 'Hilôlômb(i)' comme le Dieu des Basaa. Or donc, même le nom 'Hilôlômb(i)' n´est pas sans nous rappeler la cohabitation et l´interaction entre ancêtres basaa des nomes de la 'Muraille Blanche' (Men Nefer – Memphis) et celui du 'Sceptre intact' ( Ôn – Héliopolis) et peuple juif de la région de Gochèn. En effet, 'Hilôlômb(i)' veut dire 'Ancien des jours' ; or, il se trouve que Dieu est aussi appelé 'Ancien des jours' dans l´historiographie judéo-chrétienne. Par ailleurs, selon Eugène Wonyu, qui était enraciné dans la culture ancienne des Basaa, les anciens Basaa adoraient 'Hilôlômb(i)', le Dieu Tout-Puissant, et 'Mbotbot', le Fils de 'Hilôlômb(i)' ; Ne voit-on pas là une autre similarité entre la croyance des anciens Basaa et la croyance judéo-chrétienne ? On aimerait bien poser la question de savoir pourquoi les Basaa d´aujourd´hui, y compris les membres du clergé 'Um', ne parlent presque jamais de 'Mbotbot', qu´Eugène Wonyu mentionne clairement dans son opuscule comme faisant partie des croyances des anciens Basaa. Les patriarches ont l´habitude de dire : 'Mbog i kwok, Mbog i telbak'. C´est pour cela que Mpaye Gwet, le patriarche-prêtre 'Um', estimait que le peuple 'BBM' a besoin d´un autre paradigme religieux – ce qu´il appelait une 'Nouvelle Alliance'-- aujourd´hui. Le vieux constatait que notre peuple avait besoin de ce nouveau paradigme pour connaître un essor extraordinaire semblable au rayonnement de nos ancêtres en Égypte pharaonique noire. Le Livre des morts laissé par nos ancêtres, les anciens Égyptiens, nous enseigne que tout être humain doit s´atteler à rechercher et à pratiquer le bien ici-bas, car c´est ce qui détermine sa destiné ou son sort dans l´au-delà. Le culte 'Um', tel qu´il est pratiqué aujourd´hui, ne prévoit-il pas de plan de salut de l´âme individuelle, comme c´était le cas chez nos ancêtres, les anciens Égyptiens, au temps du paradigme religieux de cette époque-là ? Ce plan serait-il plutôt évasif ? Ou alors, dépendrait-il de la conception individuelle de chaque prêtre 'Um' ? La religion 'Um' ne dispose –t- elle pas d´un catalogue synoptique de préceptes moraux, catalogue public, notoire et accessible à tous, résumant et constituant le fondement éthique de la communauté basaa, bati et mpôô? Puisque la réponse positive ou affirmative à cette question ne se conçoit pas sans coup férir, nous nous proposons de glaner, ci-dessous, les exigences morales que les patriarches et le peuple BBM ont l´habitude d´avancer. Cette liste devrait être le socle moral de tout membre de la communauté BBM. L´idée du mbombog et prêtre 'Um' Mpaye Gwet relative à un nouveau paradigme religieux de la communauté Basaa, Bati et Mpôô est sérieuse Certaines cervelles ont coutume d´attirer l´attention sur la pratique du culte des/aux ancêtres dans certaines religions africaines. C´est ainsi qu´Aloysius M. Lugira écrira : « In African religion, the Supreme Being reigns as God in heaven. However, in most traditions, he is not involved in day-to-day affairs of human beings. This function he delegates to the less important gods of African belief who occupy the spirit world. The spirit world is made up of superhuman beings, beings of God´s creation that occupy the spiritual universe between God and humanity, the space between heaven and present. It is to these lesser gods that people turn in times of joy and sorrow. It is to them that they make offerings and sacrifices for health and happiness, successful crops, the birth of healthy children, and protection from evil.” ( Lugira: 2004/1999: 46) L´espace entre le ciel et la terre est l´univers préternaturel, tandis que le Ciel est le domaine du surnaturel. On devrait quand même souvent faire preuve de précision en reconnaissant que la religion en Afrique est aussi plurielle et diverse que les peuples et les cultures de ce continent. Quant à l´historien Engelbert Mveng, il écrit: « Le Cameroun d´hier, comme toute l´Afrique, vivait d´une religion que nous nommons monothéisme … Ce monothéisme, élaboré dans le paganisme, était nécessairement imparfait. Le peuple ignorait un culte à Dieu quelque peu organisé. Il le priait cependant dans les circonstances graves de la vie. Ce Dieu, qu´on reconnaissait comme personnel, apparaissait très lointain, séparé des hommes depuis la rupture originelle, et entre lui et l´homme ne subsistait que le pont, très incertain d´ailleurs, de la médiation des Ancêtres. Mais tout le monde était d´accord pour professer que ce Dieu n´avait ni commencement ni fin et que c´est lui qui a créé toutes choses. » (Mveng 1963: 253) Les questions que nous aimerions soulever ici sont celles de savoir si les ancêtres doivent être adorés ; si un ancêtre doit être adulé même s´il a trahi et causé la mort des filles et fils valeureux et intègres du peuple ? Nous sommes d´avis que seuls les ancêtres valeureux et intègres doivent être respecté et honorés. C´est vraisemblablement en Nubie ( Méroé) que Nsaa devint le guide humain de tout ce groupe qui vint de Men Nefer et d´Ôn ; c´est la raison pour laquelle ce groupe, qui continuait à se multiplier, prit le nom de 'Nsaa'. Ainsi parle-t-on de Basaa, le peuple, les gens de 'Nsaa', à partir de la Nubie. C´est de cette manière qu´on peut logiquement expliquer le regroupement et la formation proprement dite du peuple basaa en Nubie. Ceux qui formèrent, cependant, le peuple basaa en Nubie sont les fils et les filles des anciens Égyptiens qui vécurent à Men Nefer ( Memphis), à Ôn ( Hélíepolis) et en quelque sorte un peu au nord de la région de Gochèn, accompagnés de Melek ( Mbelek) et de ses proches, qui, eux, auraient été des Juifs, et qui auraient décidé de ne pas prendre le chemin de la terre promise, mais de suivre leurs amis qui avaient décidé de remonter le cours du Nil pour venir s´installer en Nubie. L´intellectuel et chercheur Nouk Bassomb défend, de nos jours, la thèse selon laquelle Jéthro, celui qui est mentionné dans la Bible, l´instructeur de Moïse devant le Dieu Tout-Puissant, fut un ancêtre basaa. On sait en effet que Jethro n´était pas Juif. Pour ce qui est du 'Nouveau Paradigme' religieux réclamé par le mbombog et prêtre 'Um' Mpaye Gwet relatif à la survie, à l´essor et au rayonnement des Basaa, Bati et Mpôô, nous pensons que ce nouveau paradigme religieux doit être fondé sur le respect scrupuleux des exigences morales par tous les patriarches/'bambombog' ( filière 'Matuk', filière 'Hikoo hi Mbog', filière 'Bati - Mpôô' et filière 'Nkoda Ntoñ') et par tous les Basaa, Bati et Mpôô. Nous pouvons glaner les valeurs que l´on retrouve dans notre culture et les communiquer, les enseigner à tous les Basaa, Bati et Mpôô. L´idée du mbombog et prêtre 'Um' Mpaye Gwet relative à un nouveau paradigme religieux de la communauté Basaa, Bati et Mpôô est sérieuse, car « Une culture ne change volontairement que lorsqu´elle prend conscience d´elle-même ; lorsqu´elle a réussi à se détacher de ses a priori idéologiques, lorsqu´elle conçoit assez clairement la forme mythologique de son passé pour désirer la dépasser dans une entreprise dont l´ambition lui semble indiscutablement 'rationnelle'. Lorsqu´elle se finalise elle-même. » ( Pierre-Yves Bourdil 1996 : 755) Apparemment, il y aurait actuellement des démêlés et des dissensions au sein et entre les filières 'Matuk' et 'Nkoda Ntoñ'. Ces conflits larvés émaneraient de la fringale excentrique qu´éprouveraient certaines personnes au sein de la communauté basaa, bati et mpôô d´acquérir la puissance et les pouvoirs préternaturels, de commander les pairs et la communauté, de dominer, de manipuler et d´exploiter politiquement le peuple ; cette zizanie dériverait aussi de la boulimie orgueilleuse dont certains sont en proie, et qui les inciterait à considérer leurs prochains comme inférieurs, en raison de la connaissance du monde préternaturel qu´ils posséderaient. Nous savons que les patriarches Mayi-Matip et Mpaye Gwet étaient ouverts, dans une certaine mesure, au dialogue interreligieux. Le 'U-Um' Mpaye Gwet disait que la religion 'Um' était prête à coexister pacifiquement avec toute autre religion éprise de paix, de concorde…Il déclara même que les commandements de Dieu s´adressent à tous les humains, à tous les peuples. Le patriarche Mayi-Matip désapprouvait le spiritisme, pratique virtuellement courante dans certaines cultures qui prétendent être sceptiques quant aux phénomènes paranormaux et préternaturels. Seul un engagement sincère des uns et des autres à s´approprier les exigences morales, dont ils se targuent de temps en temps, pourrait faciliter le retour durable à la stabilité et à la sérénité dans les cercles des patriarches. Il s´agit des exigences morales d´amour du prochain, de sagesse, d´humilité, d´honnêteté, de transparence, de véritable ancrage dans le peuple, de recherche du bien commun de tout le peuple, entre autres -- bien évidemment dans le respect scrupuleux de l´esprit démocratique et du 'Manifeste Mbog Liaa'. Les autres ethnies du Cameroun obligeraient le pays tout entier et contribueraient aussi à l´établissement et à la construction d´un vivre-ensemble interethnique harmonieux au Cameroun en jouant cartes sur table, comme les BBM, en exposant et en pratiquant leurs valeurs constructives et humanistes. Il est judicieux de ne respecter et de n´honorer que les ancêtres valeureux et intègres, et de n´adorer que Dieu et son Fils Lors de la réunion préparatoire à la création de l´association culturelle 'Mbog Liaa – Adna Maten ma Mbog Liaa', un mbombog avait déclaré que les patriarches n´allaient soutenir cette initiative que si toutes les parties prenantes et tous les intéressés s´engageaient à faire preuve d´honnêteté, de transparence, de refus de la délation (de la trahison, de la traîtrise) et du rejet de la malhonnêteté. Le mbombog Mpaye Gwet exposait encore cette année que le mbombog doit être doté de trois qualité cardinales : l´amour du prochain, la sagesse et l´humilité ( 'lisuhul nyuu'). Si nous ajoutons à ces exigences morales les règles, les principes, les normes et valeurs prônés tant par l´association 'Mbog Liaa' que par le Basaa, Bati et Mpôô moyen et ordinaire, on peut dresser le catalogue, suivant, des principales exigences morales des Basaa, Bati et Mpôô : 1.Pratique de l´honnêteté ; 2.Pratique de la transparence ; 3.Refus de la délation, de la trahison et de la traîtrise ; 4.Pratique de l´amour du prochain, respect d´autrui et de l´hospitalité ; 5.Recherche et pratique de la sagesse, donc de la philosophie ; 6.Pratique de l´humilité ; 7.Goût du labeur et travail main dans la main avec les filles et fils de la 'Grotte sacrée'; 8.Recherche du bien commun (social et économique) de tout le peuple ; 9.Respect scrupuleux de l´esprit démocratique ; 10.Recherche et pratique de la Vérité et de la Justice ('Maat' de nos ancêtres en Égypte pharaonique noire) ; 11.Amour du terroir et du bercail ; 12.Pratique et respect de toute critique constructive ( Mbombog Théodore Mayi-Matip) ; 13.Fierté d´exister avec dignité quelles que soient les conditions matérielles en présence ; 14.Fidélité infaillible à la parole donnée ; 15.Résistance jusqu´au sang à toute forme d´aliénation ou d´oppression ; 16.Engagement scrupuleux dans l´accomplissement du devoir ; 17. Solidarité et union fraternelles conformément aux conseils de Nanga Ngê à ses fils. Les patriarches, toute fille et tout fils de la 'Grotte sacrée' rendraient des services énormes à la communauté BBM et au Cameroun tout entier en philosophant publiquement sur les exigences morales mentionnées ci-dessus. Nous devons toujours nous rappeler que Ptah-Hotep, un de nos illustres aïeux, fut le premier humain à avoir écrit un traité de philosophie. Ptah-Hotep pratiqua la philosophie morale ( l´éthique). Le proverbe 'On ne finit jamais d´apprendre' – en anglais, 'you live and learn' – est la version moderne et contemporaine de la maxime de Ptah-Hotep : 'Les limites du savoir ne peuvent jamais être atteintes'. Ptah-Hotep philosopha, en Égypte pharaonique noire, plus de 2000 ans avant le Grec Socrate. Ce dernier pratiqua aussi essentiellement la philosophie morale ( l´éthique). En recommençant à philosopher publiquement, les patriarches basaa, bati et mpôô renoueraient seulement avec une tradition qui date de l´époque où Ptah-Hotep cogitait et/ou gambergeait sur les bords du Nil. Pa Albert Biboum -- qui naquit à Nkong Kwalla ( Ndom) en 1885 et mourut en 2006 --, le grand-père de l´universitaire Emmanuel Konde, avait transmis à ce dernier ce qu´il avait aussi reçu de ses pères : les conseils de notre ancêtre Nanga Ngê à ses fils, avant sa mort. Voici les conseils que notre ancêtre Nanga Ngê prodigua à ses fils : "My sons, My work on this Earth is done; I must now depart, To whence came my ancestors… But remember, my sons, Like the sticks of the forest, So you, my sons. Each of you, standing alone, Thy enemy destroyeth easily. Each of you, standing together, A formidable force, you will make. United, you stand! Divided, you fall!" La clé de l´épanouissement multidimensionnel des Basaa, Bati et Mpôô réside dans le respect scrupuleux de ces exigences morales et dans l´application des derniers conseils de notre ancêtre Nanga Ngê à ses fils, à sa descendance. Or, nous sommes, humainement parlant, la descendance de Nanga Ngê. Enfin, il est judicieux de ne respecter et de n´honorer que les ancêtres valeureux et intègres, et de n´adorer que Dieu et son Fils, tout en pratiquant